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Demande à l’aide d’un enfant : des stratégies pour soutenir l’auto-régulation

Diffusé le 11/11/2022

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7 juin 2021 par Monica Pujol-Nassif

Je devais devenir architecte, à la place je suis devenue éducatrice à l’enfance, ce fut un
appel.

Lorsque j’ai commencé mes cours, j’ai dû visiter plusieurs groupes. Je me sentais envahie
lorsque, dans certains groupes, des enfants pleuraient, les éducatrices devenaient frustrées
et personne ne semblait profiter de la journée. J’ai pensé que j’avais commis une erreur.
Heureusement, j’ai eu un enseignant qui m’a inspirée à continuer. Plutôt que de me sentir
envahie par les comportements que j’observais autant chez les enfants que chez les
éducatrices, cet enseignant m’a proposé de découvrir les besoins qui se cachent derrière
ces comportements.

Et alors, mon aventure pour soutenir le développement socio-émotionnel a commencé.

La première et plus importante compétence que je devais bonifier était l’empathie. Je
devais me mettre à la place de chaque enfant qui manifestait sa détresse par des
comportements.

Dans ma première année comme éducatrice titulaire, un garçon de 22 mois pleurait lors de
l’accueil du matin. Je le prenais contre moi et je pouvais sentir combien il aimait sa famille,
sa maison, ses jouets, l’odeur de la nourriture familiale et de la maison. Je comprenais que
maintenant il était dans ce nouvel environnement où rien n’était familier, même pas moi.
Je reconnaissais son appel à l’aide. Et pour l’aider à accepter cette place comme la sienne,
il fallait ajouter des éléments qui allait amener sa maison à lui.

Un jour, un jeune bébé était inconsolable, ce qui était rare pour ce bébé. Nous avons alors
essayé de la prendre dans nos bras, de lui flatter le dos, de vérifier sa couche, de lui offrir
une bouteille et ensuite son jouet préféré. Nous constations que ces éléments n’étaient pas
la cause de sa détresse, et soudain nous avons remarqué que ses petites chaussures étaient
à l’envers. Nous les avons changées de pieds, l’avons consolée, lui avons verbalisé la cause
de son inconfort et, elle est redevenue joyeuse et contente comme à son habitude.

Je me rappelle très bien d’un enfant d’âge préscolaire qui adorait construire des structures.
Nous prenions du temps pour réfléchir et planifier ses constructions et ensuite il prenait au
moins une heure pour bâtir des structures complexes. Lorsque c’était le temps du
rangement, il devenait très fâché et cela à tous les jours. Je comprenais son comportement
comme le reflet de sa déception à devoir détruire la construction sur laquelle il venait de
travailler si fort. Il y avait un groupe différent dans le local l’après-midi et il ne pouvait donc
pas garder sa création jusqu’au lendemain. Pour l’aider à gérer sa détresse, nous avons
implanté quelques stratégies préventives. Nous le préparions pour le rangement, nous
invitions sa mère à venir dans la classe pour voir sa réalisation et l’aider à ranger, et nous
prenions une photo pour l’aider à la reproduire le lendemain.

Mes constats en lien avec ces expériences et appuyés par la recherche sont que les enfants
expriment souvent leur détresse et besoins non comblés par des comportements variés.
Notre rôle comme éducateur.trice est de les aider dans leur apprentissage de
l’autorégulation.

En 2013-2014, j’ai pris un cours sur l’accompagnement des enfants ayant vécu un
traumatisme. Ce cours permettait de voir les comportements d’un enfant à travers la lentille
des traumatismes et de comprendre la cause derrière chaque comportement. Les enfants
qui ont souffert de négligence, d’abus, de grands stress dans leur jeune âge ou d’autres
événements traumatisants arrivent dans nos locaux en criant : à l’aide !

Lorsqu’on prend un pas de recul et qu’on se demande : « qu’est-ce qui peut être arrivé à cet
enfant? », il est possible que nous n’arrivions pas à une hypothèse juste, mais c’est aidant de
comprendre que le comportement communique un besoin. Et souvent ce besoin est de
l’amour, de la sécurité et de la confiance.

Nous savons que pour être en mesure de créer des liens avec les autres et d’apprendre, les
enfants ont d’abord besoin de se sentir en sécurité et considérés.
Il est essentiel que le soutien socio-émotionnel devienne le fondement des soins et de
l’éducation pour tous les enfants, et encore plus spécifiquement pour ceux qui ont
expérimenté l’adversité.

Avec cela en tête, il est clair, pour moi, qu’au final je suis l’architecte que je voulais devenir.
À la place de construire des maisons, je suis une architecte qui contribue à la
construction du cerveau des jeunes enfants.

Le domaine de l’éducation demande de travailler fort, et soutenir le développement socioémotionnel des enfants est encore plus difficile lorsque nous avons nous-même fait
l’expérience de l’adversité. C’est important de se rappeler de mettre notre masque
d’oxygène en premier. Il est essentiel de trouver du soutien pour rester connectés, pour
recharger ses batteries et se garder en santé.

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Titre de l’article: A Child’s Call for Help: Strategies for Self-Regulation
Date de parution : 7 juin 2021
Auteur : Monica Pujol-Nassif
Traduit par : Julie Dion, François Couture et Annie Cameron-Turgeon, CASIOPE