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La corde à linge du partenariat

Diffusé le 27/06/2017

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La « transition à l’école » est d’actualité.  On est tous d’accord : il faut s’en préoccuper, s’en occuper, s’y arrimer.  On sait pourquoi.

    • Parce que les discontinuités dans le parcours des jeunes enfants représentent un facteur de risque pour la suite.*
    • Parce que des transitions de qualité constituent un facteur de protection, particulièrement pour les enfants qui présentent des besoins particuliers, en réduisant l’insécurité et la détresse reliées à ce changement.**
    • Parce que des transitions de qualité permettent de « maintenir les effets à long terme de l’intervention précoce ».***

Ceci dit, on fait comment?  Qu’est-ce que cela demande, vraiment?

En mai dernier, lors d’une première rencontre provinciale, des comités « Passage à l’école » de plusieurs régions du Québec, dont Montréal, l’Outaouais, Lanaudière, la Montérégie, se sont rassemblés, à l’initiative de CASIOPE, pour partager les enjeux clés du partenariat nécessaire à des transitions de qualité.  Tous étaient unanimes : favoriser la continuité éducative, c’est trouver des façons de réduire l’impact fragilisant que pourrait entraîner une discontinuité dans le « fil conducteur » du vécu et de la trajectoire développementale du jeune enfant.  Ce fil conducteur, auquel on accroche des actions préventives, c’est le défi d’arrimer deux grands systèmes, celui du monde de la petite enfance à celui du monde scolaire.

Une saine tension dans la corde?

Sur la «corde à linge du partenariat», y-a-t-il une saine tension dans le fil, dans la corde qui relie les deux systèmes?  La corde est-elle tenue solidement à l’autre bout, comme on tient quelque chose de précieux, un lien nécessaire, fragile, important? Ce grand enjeu du partenariat, c’est celui de la cible commune, de l’importance qu’on y accorde, de l’engagement pris des « deux côtés » pour ne pas échapper des enfants dans la transition.

    • « L’information de l’outil Passage à l’école se rend à l’école, mais pas toujours à l’enseignante et ce dans un délai raisonnable pour qu’elle soit en mesure de l’utiliser ».
    • « Si la communication est difficile avec les écoles, il est nécessaire d’aller cogner à leurs portes.  Les courriels et les messages téléphoniques ne sont pas toujours une approche optimale.  L’importance du contact personnel demeure pour pouvoir mieux comprendre les besoins des écoles et faciliter la communication et les contacts avec elles ».

Extraits des échanges lors de la Rencontre annuelle Passage à l’école, mai 2017, à CASIOPE

 Du sable dans l’engrenage?

On peut tenir au lien, s’entendre sur la cause, choisir de s’y investir, mais parfois, il y a du sable dans l’engrenage du partenariat.  On ne se comprend pas.  On ne comprend pas, ou plutôt, on connaît mal la réalité de l’autre, celle de l’éducatrice, celle de l’enseignante de maternelle. On suppose que… elle devrait faire si…pourquoi elle fait ça…ou ne fait pas ça…  Les gens des comités Passage à l’école l’ont bien nommé, il importe de créer des lieux et des espaces de rencontre entre le milieu scolaire et les milieux de la petite enfance pour permettre à chacun de présenter ses approches respectives, ses préoccupations, ses démarches et pour faire le pas de plus : planifier des modalités concertées.  Tel que plusieurs l’ont soulevé, il faut pourtant accepter que ça prend du temps pour créer des liens de confiance et pour changer la culture, les mentalités.

« Visiter les classes de maternelle avec les enfants mais aussi permettre aux enseignantes de maternelle de visiter les locaux du CPE et de rencontrer des éducatrices, c’est décloisonner les milieux, s’ouvrir sur celui de l’autre ».

Des pilliers, des porteurs ?

Pour que les fils du partenariat supportent le passage du temps, que les actions pour favoriser la transition scolaire des enfants soient bien « accrochées » et quelles survivent aux changements de personnel, à la mouvance des systèmes, il est nécessaire d’avoir des « porteurs » de la démarche qui en assure la pérennité.

Viser «  (…) la construction d’organismes qui par nature, s’adaptent et se réinventent, avec un leadership partagé par beaucoup de personnes venant de partout et pas seulement d’en haut. »

Peter Senge et coll. (1999). La danse du changement, maintenir l’élan des organisations apprenantes, First Éditions

Plutôt que d’avoir « un coordonnateur » de la démarche de transition dans un quartier, s’assurer d’avoir plusieurs porteurs, tant dans les milieux de la petite enfance que dans le milieu scolaire, permet d’en faire « l’affaire de tous ».  La présence de personnes-clés sur le comité Passage à l’école du quartier donne de la force au projet (ex: directeurs d’école et de CPE, conseillère pédagogique de la commission scolaire, professionnels du CSSS, intervenants d’organismes famille et des bureaux coordonnateurs, etc.).

« Le rôle des milieux de la petite enfance :

    • Présenter aux parents en début d’année l’outil Passage à l’école (ses buts, son utilisation).
    • Rassurer le parent. L’informer de ce que l’école fait de l’information issue de l’outil Passage à l’école, comment elle l’utilise et pourquoi.
    • Utiliser la traduction du dépliant offert aux parents qui explique la démarche et l’outil Passage à l’école. Ces dépliants sont disponibles sur le site de casiope.org sous l’onglet Services/passage à l’école.
    • En janvier, organiser une rencontre individuelle parent/éducatrice afin de présenter ses observations en lien avec l’outil Passage à l’école.
    • Avoir des groupes de parents ou des ateliers pour les parents ».



« Le rôle des écoles :

    • Informer les CPE des dates de portes ouvertes ou des cliniques « Bonjour l’école » offertes dans les milieux scolaires.
    • Faire appel à un interprète ou encore demander à un membre de la famille d’accompagner et de traduire lors de l’inscription ou lors de l’activité d’accueil à l’école.
    • Lors de l’inscription de l’enfant, remettre aux parents une feuille leur indiquant de demander à l’éducatrice de compléter l’outil Passage à l’école.
    • Remettre aux parents le dépliant : « Comment je peux aider mon enfant à se préparer à la transition ».  On y retrouve aussi le nom de certaines ressources disponibles dans le quartier ».



Sur la « corde à linge du partenariat » entre les milieux de la petite enfance et le milieu scolaire, il y a toutes ces actions préventives qu’on accroche pour favoriser la transition scolaire des jeunes enfants.  Il y a aussi, souvent, des préjugés, des tensions ou des incompréhensions qu’on a su passer dans la laveuse!

 

En italique: quelques extraits des échanges lors de la Rencontre annuelle Passage à l’école, mai 2017, à CASIOPE

* Sur ce même thème, voir blogue CASIOPE « La plume magique », 14 octobre 2016

* tiré de: Horizon 0-5, 2014. État sommaire: démarches locales concertées montréalaises pour une transition harmonieuse vers l’école.

** Kagan et Neville, 1996: Kagan et Newman, 1998; Vaughn, Reiss, Rothlein et Tjero Hugues, 1999,  tiré de: Ruel, J. et al. (2008). Démarche de transition planifiée et continuité éducative. Revue Francophone de la déficience intellectuelle, vol. 19, 41-48

 

Pour plus d’information sur l’outil PASSAGE À L’ÉCOLE: https://casiope.org/ressources/loutil-passage-a-lecole/